Aller au contenu
7 août 2024
1 2023 s9 Politik Oev T30 Copy VCS Viviane Barben
ATE

Et ça fonctionne très bien

La limitation de vitesse à 30 kilomètres à l’heure se généralise et concerne de plus en plus d'axes où circulent des bus ou des trams. Alors que l'utilité des réductions de la vitesse n’est plus à démontrer, leurs incidences sur les transports publics est souvent au cœur des discussions.

Le 30 km/h et des TP performants sont les éléments-clés d’une mobilité efficace, sûre et écologique, qui accroît l’attractivité des localités. Depuis peu, le débat s’est cristallisé sur les potentiels effets négatifs du 30 km/h sur les transports publics (TP). Cependant, l’arithmétique qui, logiquement, voudrait qu’une réduction de vitesse entraîne automatiquement un allongement du temps de parcours des TP ne se vérifie pas vraiment au quotidien. C’est pour connaître les véritables incidences du 30 km/h sur les TP que l’ATE a mandaté l’institut Metron Verkerhrsplanung AG pour mener une étude d’impact. Les résultats de cette étude montrent que l’instauration du 30 km/h et de bons TP, accompagnés d’instruments appropriés, sont compatibles.

Il est incontestable qu’une réduction de la vitesse maximale autorisée allonge de temps de parcours – de l’ordre de 1,5 seconde par 100 mètres. Mais pour les bus et les trams, la perte de temps est plus faible que ce que l’on pourrait supposer: pour diverses raisons, ils circulent plus lentement que la vitesse maximale autorisée et en particulier aux heures de pointe et dans les zones denses à forte proportion de stations et de feux de circulation, ainsi que sur les axes principaux avec droit de priorité.

Pour la clientèle, une faible perte de temps n’est pas un handicap, pour autant que les horaires soient adaptés et qu’un temps d’embarquement-débarquement suffisant soit garanti. Elle profite en parallèle des effets positifs du 30 km/h sur l’espace public. Comme le 30 km/h s’applique à tous les modes de transport, on ne doit pas craindre que les usagers et usagères des TP se mettent à préférer la voiture.

Concept de collectivité

Les incidences plutôt faibles du 30 km/h sur les TP doivent être considérées au cas par cas. Des mesures appropriées permettent de les réduire, voire de les annuler: corridors pour les TP avec un régime de priorités approprié et sans obstacles construits, gestion du trafic pour éviter les embouteillages, conception des stations dans lesquelles le bus occupe la tête de la colonne, circulation en site propre, etc.

Si des adaptations d’horaires ou l’utilisation de véhicules supplémentaires s’imposent, la situation se complique. Cette dernière mesure est particulièrement coûteuse. Généralement, les prestations des TP sont commandées et (co-)financées par les pouvoirs publics. C’est pourquoi il est nécessaire de tenir compte également des effets bénéfiques sur l’ensemble de l’économie publique: la diminution des coûts externes engendrés par les transports, l’amélioration de la sécurité routière ou encore la réduction des émissions.

Considérer la globalité

Une limitation à 30 km/h ne devait pas être introduite à titre de mesure isolée. Pour les axes comportant des lignes de TP, l’étude recommande qu’elle soit précédée d’une analyse globale et d’une consultation de toutes les instances et groupes d’intérêt concernés. Une telle démarche permet également de tenir compte des incidences sur les TP.

La Confédération doit aussi montrer l’exemple: soutenir le travail de recherche et mettre à la disposition des cantons, des entreprises de transport et des institutions de formation des brochures techniques et des outils de planification. Lorsque cela s’avère utile, il faut prendre des mesures d’accélération et de priorisation pour les TP, aussi en tenant compte de l’évolution technologique (p.ex. pilotage intelligent de la signalisation, voies de bus «électroniques»). L’obligation de planifier des réseaux de pistes cyclables sûrs et continus peut être l’occasion d’identifier les conflits ou les obstacles et, ainsi, de les éviter.

Télécharger l'étude «Répercussions de la limitation à 30km/h sur les transports publics»

Réfléchissez-y – Qui perturbe qui?

Sur certaines questions, nos adversaires ont parfois de la peine à trouver des contre-arguments valables. Prenons l’exemple du 30 km/h: les multiples avantages de la réduction de la vitesse sont attestés. Malgré cela, les milieux économiques et de l’automobile ainsi que les partis bourgeois persistent à s’y opposer.
Depuis peu, ils prétendent prendre la défense des transports publics (TP) en arguant que le 30 km/h leur serait nuisible. Ils appliquent un calcul d’épicier simpliste et prédisent des allongements des temps de parcours avec de graves effets financiers. C’est un double langage. Un des facteurs non négligeables de l’allongement du temps de parcours des TP est la perturbation de leur circulation par les transports individuels motorisés (TIM) – par exemple, quand les bus sont freinés ou même bloqués dans les bouchons. Pourtant, jusqu’ici, les adversaires du 30 km/h n’ont jamais dit qu’il fallait réduire les TIM pour aider les TP.
J’apprécie de me déplacer en TP. Je peux me plonger dans la lecture ou même travailler, pendant que les personnes seules au volant de leur voiture, devant et derrière mon bus, doivent se concentrer sur la conduite. C’est une tâche que je confie volontiers à des pros qui me conduiront en toute sécurité et en principe ponctuellement à destination.
Les faits sont clairs: le 30 km/h entraîne un changement positif des comportements en matière de mobilité. Les gens sont toujours plus nombreux à se déplacer à pied, à vélo ou avec les TP. Ces moyens de transport-là, contrairement à la voiture, ont l’avenir de la mobilité devant eux – aussi grâce au 30 km/h.

Stéphanie Penher