
L'heure des priorités en matière de mobilité
Par Stéphanie Penher, Directrice de l'ATE
L’avenir de la mobilité représente sans aucun doute un défi, comme le relevait dernièrement le président central du TCS Peter Goestchi dans les pages du quotidien Le Temps. Cependant, miser uniquement sur l’extension du réseau routier et présenter les transports publics comme une concurrence témoigne d’une vision trop réductrice. Le secteur des transports doit se transformer pour répondre aux enjeux environnementaux aujourd’hui plus préoccupants que jamais.
Nos infrastructures vieillissent incontestablement, mais construire de nouvelles routes n’est pas la réponse. La science et l’expérience l’ont démontré ; chaque nouvelle voie attire plus de trafic, et donc davantage de congestion, de pollution et de consommation d’espace.
En parallèle, la demande pour les transports publics ne cesse d’augmenter, le vélo connaît un essor remarquable dans les villes comme à la campagne, et de plus en plus de personnes souhaitent disposer d’alternatives à la voiture. C’est le signe d’une évolution profonde de notre société, qui s’inscrit dans le sillage du refus des projets autoroutiers dans les urnes l’automne passé : la population veut une mobilité sûre, respectueuse du climat, saine et efficace.
L’ATE défend une utilisation responsable et durable des fonds publics pour l’ensemble des modes de transport. Le fonds ferroviaire et le fonds routier Forta ne sont pas des adversaires, mais deux piliers d’un même système. Leur financement doit être équitable et prendre en considération des critères écologiques. Ainsi, les moyens de transports qui polluent moins ne devraient pas être taxés au même niveau que ceux dont l’impact est plus conséquent. Ces fonds sont aussi indispensables pour couvrir les coûts croissants d’entretien des infrastructures. Ils permettent d'entretenir les tunnels et les ponts, d'adapter les routes nationales aux dernières avancées techniques, d'améliorer la sécurité et de les protéger contre les chutes de pierres et autres dangers naturels qui augmentent significativement en raison du changement climatique.
Aujourd’hui, l’impact environnemental du secteur des transports est trop élevé. L'époque où l'on pouvait se permettre de développer la route et le rail sans se soucier des coûts est révolue. Sur le plan financier comme en termes d’espace, les ressources restent limitées. Nos autorités doivent donc prendre leurs responsabilités en définissant des priorités : le rail plutôt que la route, les transports publics et le vélo plutôt que la voiture. Et cela en particulier dans les centres et les agglomérations. Il faut maintenant garantir le financement du rail, renforcer les programmes d'agglomération et mettre en œuvre de manière cohérente la loi sur les pistes cyclables. Toutes ces mesures répondent aux attentes de la majorité de la population. Quant au trafic routier, il faut travailler sérieusement à sa décarbonisation en supprimant les obstacles à son électrification. Cela passe notamment par l’amélioration de l’accès à une infrastructure de recharge pour les locataires et les copropriétaires. La taxation de la mobilité individuelle doit être juste et respecter le principe du pollueur-payeur, afin de ne pas mettre en péril le développement de l'électrique.
Besoin fondamental, la mobilité doit rester compatible avec l’environnement et le climat. Pour cela, il faut une planification intelligente, des alternatives attractives à la voiture et une politique qui accompagne la transition au lieu de la freiner.
Cette chronique est parue le 5 septembre 2025 dans le quotidien Le Temps.