
Toujours plus vite à travers l’Italie
Voilà plusieurs années que l’ATE fait la promotion de «L’Europe en train». Et notre voisin du sud nous fournit continuellement de nouveaux arguments. Petit tour d’horizon, assorti de conseils pratiques pour votre prochain voyage en Italie.
«Sciopero!» – «Grève!» Voilà le premier mot qu’évoquaient par le passé les Ferrovie dello Stato Italiane (FS). Et s’il arrive encore quelquefois à son personnel ferroviaire de débrayer, on associe aujourd’hui Trenitalia à tout autre chose, par exemple au train à grande vitesse nommé «Frecciarossa», la fl che rouge. Les chemins de fer d’État sont devenus extrêmement fiables. Ce que la Suisse a réussi à faire avec des projets comme Rail 2000, l’horaire cadencé et la NLFA – faire entrer le rail dans la modernité –, l’Italie y est parvenue avec son réseau à grande vitesse. Et ensemble, les deux pays ont hissé les transports ferroviaires régionaux entre le Tessin et la Lombardie à un niveau remarquable avec la compagnie TILO.
Il y a peu, Trenitalia a même devancé les CFF dans un classement des chemins de fer d’État européens. Ce succès est en grande partie dû aux «treni ad alta velocità» (TAV), qui relient à toute allure les grands centres, notamment sur l’axe principal allant de Milan à Rome et à Naples. Il n’est donc pas étonnant que les CFF envisagent d’acquérir des TAV, grâce auxquels on pourrait quitter la grisaille zurichoise au petit matin pour se retrouver au bord du Tibre en début d’après-midi sans changer de train.
L’application qui fait «bella figura»
Trenitalia marque des points non seulement avec son matériel roulant high-tech, mais aussi avec ses services numériques. Le sondage que nous avons mené auprès d’adeptes du numérique n’est pas représentatif, mais l’application Trenitalia est unanimement saluée pour sa convivialité. Elle n’a rien à envier à celle des CFF.
Commençons par la préparation du voyage. Notre destination est l’Émilie-Romagne, pour aller randonner, voir les cerisiers en fl ur ou cueillir des cerises. Sur www. trenitalia.com, nous cherchons le train qui se rend à Vignola au départ de Domodossola. L’AG est en effet valable jusque-là, et saisir un lieu de départ en Italie est conseillé pour que toutes les correspondances s’affichent. Le billet le moins cher coûte 39,75 euros, sans les éventuels suppléments, pour 7h02 de voyage, et le plus cher commence à 123,85 euros (5h11). Les trajets les plus rapides (4h32) coûtent entre 60 et 90 euros.
Les voyages en Frecciarossa ou en Frecciargento, où les réservations sont obligatoires, sont plus onéreux, sauf si l’on déniche un billet «Economy», mais ceux-ci sont souvent épuisés longtemps à l’avance. Si l’offre de Trenitalia ne convient pas, il est conseillé de jeter un coup d’œil sur celle de sa concurrente, la compagnie privée Italo Treno (www. italotreno.com). Mais celle-ci ne reconnaît pas l’Interrail.
Pour trouver des lignes de bus ou un taxi, Internet est aussi une bénédiction. Nous tapons donc «Orari autobus Vignola Zocca» dans le champ de recherche: les prochains départs s’affichent immédiatement et l’horaire de la SETA peut être téléchargé sur son site web («Les trajets en gras sont garantis même en cas de grève»!). Bingo! Mais ne cachons pas que prévoir un trajet en bus en Italie est souvent une gageure. Aucun véhicule ne circule généralement le dimanche, peu pendant les vacances scolaires (quand sont-elles?), et la coopération – surtout au-delà des frontières provinciales – est apparemment un concept étranger aux centaines compagnies de bus du pays.
De grands travaux
«Nous construisons le réseau de demain», annonce fièrement sur son site web l’entreprise d’infrastructures Rete Ferroviaria Italiana (RFI), que chapeaute FS. Elle investit des dizaines de milliards d’euros – en bonne partie issus de fonds européens destinés à la reprise post-pandémie – dans des aménagements, notamment dans le but de transférer le transport de marchandises sur le rail. Il est prévu que le volume de ce dernier double d’ici 2030, pour représenter près de 30% du trafic. A cet égard, les tunnels du Brenner et du Mont-Cenis jouent un rôle clé, tout comme la troisième voie au col des Giovi, qui relie Gênes au Piémont et à la Lombardie.
Les lignes TAV Naples–Bari (en construction) et Salerne–Reggio de Calabre (encore au stade de la planification) désenclaveront le Mezzogiorno délaissé, et même la Sicile sera desservie. La liste des chantiers de RFI est infinie et montre que même les lignes secondaires sont renforcées. Plus près de chez nous, l’électrification de la ligne Chivas– Aoste est prévue d’ici la fin de 2026.
À propos des lignes secondaires: le matériel roulant y est souvent vétuste, mais les voyages sont incroyablement bon marché et offrent souvent une vue spectaculaire sur le paysage. De Domodossola, on gagne par exemple Coni en six heures environ pour seulement 23 euros, d’abord par le tortillard qui rejoint Novare par le lac d’Orta, puis à bord des express régionaux. Lorsque le ciel est dégagé, on peut admirer toute la chaîne des Alpes, du Mont Rose au Monviso.

Partir avec son vélo
Le transport de vélos en train ne coûte que 3,50 euros par jour. Il est même gratuit dans les trains régionaux de Ligurie, des Marches ou de Sicile. Et tel est le cas partout, y compris dans les TAV, si le vélo est démonté et placé dans un sac qui ne mesure pas plus de 80 x 110 x 45 centimètres. Mais il vaut tout de même mieux s’assurer que le train que l’on convoite est doté du pictogramme vélo. Les automates des gares vendent aussi des billets pour les vélos, le «supplemento bici», qui doivent eux aussi être compostés.
Depuis 2020, de nombreux trains Intercity proposent six places pour les vélos dans le wagon n° 3. La réservation, obligatoire, peut être faite via l’application au prix imbattable de 3,50 euros. Il existe aussi quelques places pour les vélos dans les trains Eurocity – de Zurich à Bologne, Venise ou Gênes –, mais elles sont très convoitées. Et un ami nous a raconté qu’il avait dû déplacer des montagnes de valises pour pouvoir y garer son vélo, sous les regards noirs des autres voyageuses et voyageurs. Pour éviter ce stress, il est préférable de prendre le train régional jusqu’à Milan. Et la ligne alpine au Gothard.
Un horaire écrit à la main
Une dernière louange pour les gares de province. Les personnes qui préfèrent encore acheter leur billet au guichet et apprécient les arrêts intermédiaires devraient faire halte à Côme ou Domodossola. Ces deux portes d’entrée pour les voyageuses et voyageurs venant de Suisse valent toujours le détour. Le point de vente à la gare de Domodossola est ouvert du lundi au dimanche et fournit, expérience faite, un service et des conseils impeccables.
Et nous n’oublierons jamais notre guichetière préférée à Acqui Terme. Nous rentrions de Savone, sans nous hâter, et avons commencé par visiter cette jolie station thermale. Notre grande question était de savoir si l’horaire des trains nous permettrait de faire aussi un crochet par Fossano. La jeune femme a aussitôt tiré un stylo de sa poche et a couché sur un bout de papier notre horaire complet, correspondances incluses, avant de nous gratifier d’un beau sourire et d’un «buon viaggio e arrivederci». Cela, même la meilleure application du monde n’en est pas capable.
www.trenitalia.com
www.thetrainline.com/it
ne source d’inspiration (quoique lacunaire) pour préparer son voyage: www.rome2rio.com