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Stéphanie Penher Direction ATE
ATE

En septembre dernier, l’électorat zurichois a dit oui à un prix forfaitaire d’un franc par jour pour l’abonnement annuel des transports publics urbains. Dans d’autres villes suisses, des projets similaires voient le jour. Ce type de tarification est-il vraiment le levier qui fera avancer la transition dans le domaine des transports? Ne faudrait-il pas plutôt que les automobilistes abandonnent leur véhicule au profit des TP? Dans les villes, où les transports en commun sont déjà très utilisés et les titulaires d’abonnements nombreux·ses, le potentiel est faible. Le risque est même d’inciter les piéton·nes et les cyclistes à prendre le bus et le tram. L’environnement n’y gagnera rien.

Le transfert souhaité de la voiture aux TP n’aura pas lieu, parce que l’offre n’est pas valable dans l’agglomération où naît justement une grande partie du trafic automobile urbain. Comme la réduction de prix ne vaut pas pour des billets individuels, elle n’encouragera pas non plus l’utilisation occasionnelle des transports en commun. Voilà une opportunité manquée!

L’effet du modèle zurichois risque donc de se limiter à la politique sociale sans contribuer à la transition dans le domaine des transports. Comme l’argent des contribuables utilisé à cette fin est vu comme un financement des TP, il risque par ailleurs d’entrer en concurrence avec le financement du développement du réseau.

Les réductions pour les transports en commun sont justifiées si elles contribuent à rendre l’ensemble du système des transports plus respectueux du climat. Quand elles visent les jeunes pour influencer leur comportement en matière de mobilité et les fidéliser à l’offre, elles sont judicieuses. Elles peuvent aussi être utiles aux heures creuses pour lisser les pics d’utilisation et mieux exploiter l’infrastructure existante. Et comme les TP doivent aussi rester accessibles aux groupes de population à faibles revenus, des réductions ciblées doivent être accordées aux retraité·es, aux écoliers et écolières ainsi qu’aux étudiant·es.

Protéger systématiquement le climat implique une réduction du trafic motorisé individuel ainsi qu’un transfert notable vers les TP et vers la mobilité piétonne et cycliste. Il faut pour cela prendre des mesures efficaces qui rendent le trafic motorisé individuel moins attractif, par exemple des taxes ou la limitation de l’offre de stationnement. Il faut aussi davantage d’infrastructures cyclistes. Maintenant que la décision zurichoise est entérinée, la ville serait bien inspirée de donner systématiquement la priorité aux TP et à la mobilité piétonne et cycliste. La réduction du prix de l’abonnement doit contribuer à la transition de la mobilité. 

 

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