
Allons-nous gagner?
Tous les signaux sont au vert pour la transition des transports… Enfin, vraiment?
Le refus des projets autoroutiers fut spectaculaire et nous en sommes encore ébahi·es. Depuis, j’ai constaté d’autres tendances moins spectaculaires. En janvier, l’Office fédéral de la statistique a publié des données sur le comportement en matière de mobilité. Ce qui était déjà le cas dans les cantons urbains prend une ampleur nationale: le taux de motorisation a atteint son maximum en 2016 (543 voitures) et diminue depuis 2021. Il reste toutefois énorme avec 535 véhicules par 1000 habitant·es.
Une autre publication de la Confédération montre que le comportement des pendulaires évolue presque partout et que le vélo gagne du terrain sur la voiture. Surtout, ces deux tendances ne se limitent pas aux centres, mais sont en partie aussi très marquées dans des cantons plus ruraux. La part des pendulaires cyclistes a ainsi augmenté de 5,4% dans celui d’Obwald.
Les temps sont durs pour les importateurs automobiles, dont les affaires vont mal. Alors qu’entre 1990 et 2019, ils vendaient encore 300 000 voitures par an, ce chiffre s’est effondré en 2020, passant à 240 000 véhicules. La reprise se fait toujours attendre. En revanche, le parc de véhicules continue d’augmenter. Les voitures sont de plus en plus vieilles, peut-être parce qu’elles roulent moins souvent depuis que leurs propriétaires ont acheté un vélo électrique?
Les concessionnaires vendent davantage de voitures hybrides que de modèles à essence. Mais comme les ventes de voitures électriques augmentent aussi rapidement, ils passent volontiers ce fait sous silence, eux qui réclament des subventions et des allégements de la loi sur le CO₂ pour éviter les pénalités. En effet, malgré les tendances positives, ils vendent toujours des SUV bien trop gros, qui émettent beaucoup de CO₂.
Bons signaux?
Les signaux sont donc au vert pour la transition des transports. Vraiment? Les dispositions déjà insuffisantes en matière d’émissions de CO₂ pour les voitures neuves sont assouplies. Au lieu de réaliser rapidement la loi sur les voies cyclables, il est question d’introduire une vignette cycliste. Et la limitation de vitesse à 30 km/h devrait être plus difficile, voire en partie suspendue. Un «programme d’allégement budgétaire» doit priver les transports publics des moyens financiers dont ils ont grand besoin. Le camp vaincu en novembre dernier exige par ailleurs déjà une nouvelle version des projets de développement autoroutiers. La transition de la mobilité ne va donc pas de soi. Prenons les choses en main sans attendre!