
Pour un Grand Genève à la hauteur des besoins en transports publics
Pour un Grand Genève à la hauteur des besoins en transports publics
L’Association Transports et Environnement (ATE) – section Genève – et l’Association Rail Dauphiné Savoie Léman (ARDSL) ont procédé à l’analyse du réseau de transports publics dans le Grand Genève. Elles ont en outre présenté une brochure détaillant leurs constats et recommandations à l’attention des autorités compétentes.
Si la part modale des transports publics a été augmentée par la mise en service du Léman Express en 2019, de nombreuses évolutions sont nécessaires pour doter la région d’une politique de mobilité adaptée à la demande. L’ATE et l’ARDSL pointent en particulier du doigt de grandes disparités dans la couverture du territoire par les transports publics. Celle-ci est notamment due à une vision de la mobilité limitée aux flux domicile – travail, restreignant la desserte hors des heures de pointe des jours ouvrés et ignorant les déplacements centrés sur d’autres types d’activités, qui représentent une part croissante de la mobilité.
« Le succès du Léman Express ne doit pas laisser oublier les vastes zones qui n’ont jamais été desservies par le rail, ou dont les lignes historiques ont été abandonnées », avertit Thibault Macé, secrétaire général de l’ARDSL, faisant en particulier référence à la ligne du Pied du Jura et celle qui reliait Annemasse à Sixt. S’agissant du réseau ferroviaire de Haute-Savoie, l’un des principaux enjeux est le grand nombre de lignes à voie unique avec un nombre insuffisant d’emplacements de croisement et une signalisation majoritairement obsolète. Parmi les solutions proposées figurent la modernisation de la signalisation et de l’infrastructure, l’élimination du goulet de La Roche-sur-Foron et une meilleure coordination de la circulation des lignes TER et LEX.
« La vitesse commerciale actuelle des trains entre Genève et Lyon n’est pas meilleure qu’au temps de la traction à vapeur », s’alarme Pascal Vuichard, membre du comité de l’ATE Genève. Outre la modernisation urgente de cette ligne historique, pour laquelle les autorités semblent désormais s’accorder, d’autres infrastructures méritent un développement pour permettre au rail de déployer son plein potentiel. Il s’agit notamment de l’amélioration de l’étoile d’Annemasse (augmenter le nombre de voies compatibles avec tous les appareils, rendre traversantes les voies de et vers Genève), de l’augmentation de la capacité de la ligne du Pied du Salève, du rétablissement de la ligne entre Évian-les-Bains et Saint-Gingolph et du réaménagement de la ligne Genève – Bellegarde en vue d’y accueillir pleinement les trains à deux rames.
« Le développement du rail dans la région genevoise est indissociable de la très attendue nouvelle ligne Genève-Lausanne », explique Caroline Marti, présidente de l’ATE Genève. Cette infrastructure permettrait d’alléger la surcharge du tronçon existant, permettant de distinguer le trafic des grandes lignes nationales et internationales du réseau régional et local, mais aussi d’augmenter la capacité globale du réseau, tout en offrant une redondance bienvenue qui protège la région d’une nouvelle coupure du réseau telle que celle vécue auparavant au niveau de Tolochenaz. Il faut également souligner le besoin de desservir la traversée nord-sud de l’agglomération, comme propose d’y répondre le projet de nouvelle ligne souterraine Jura-Salève. Afin de pouvoir réussir pleinement l’incorporation de ce projet aux enjeux de la mobilité genevoise, les projets de développement du réseau de trams et de bus doivent également être réalisés, afin d’offrir des solutions globales pour une desserte tangentielle péri-urbaine qui fait aujourd’hui défaut.
L’ATE et l’ARDSL sont convaincues qu’il est nécessaire d’investir massivement dans le rail afin de permettre au Grand Genève de disposer d’une offre de mobilité à la hauteur des besoins actuels et futurs. Cet investissement doit s’accompagner d’une nécessaire réflexion sur la tarification transfrontalière, afin que les usagères et usagers puissent facilement utiliser les lignes proposées par la multitude d’opérateurs des réseaux de transports publics de la région. Nos associations en appellent ainsi aux autorités à accélérer la réalisation d’infrastructures nécessaires et urgentes, qui permettront à la population de se déplacer efficacement avec un mode de transport plus durable et efficace.