Cinq approches d’une mobilité plus durable
Un banc accueillant, un bus électrique sur appel ou de la verdure plutôt que du béton: il y a de nombreuses façons d’atteindre l’objectif du zéro net. Voici cinq initiatives qui contribuent à la transition vers la mobilité durable.
Un banc d’autostop
La mobilité respectueuse de l’environnement ne va pas toujours de soi lorsque les transports publics ne suivent pas. Un concept nommé «Mitfahrbänkli», ou «banc d’autostop», tente d’y remédier de manière très simple: pour vous rendre de A à B, asseyez-vous sur un banc dédié et les automobilistes de bonne volonté s’arrêteront pour vous embarquer.
Cette revisite de l’autostop séduit de plus en plus de communes. Le premier réseau étendu de ces bancs a vu le jour il y a trois ans dans le Toggenbourg. Depuis l’année dernière, le canton de Lucerne développe, lui aussi, un tel réseau. Le tout étant informel, il est difficile d’obtenir des chiffres précis. Sabine Camedda, de l’association energietal toggenburg, a constaté que les temps d’attente étaient courts et que ce service était particulièrement populaire auprès des touristes. Il s’avère vite convaincant et offre de belles rencontres.
mybuxy, le tram villageois
Dans les villes, des transports publics de qualité permettent de se rendre où l’on veut et quand on veut. Le service de bus sur appel mybuxy poursuit cet objectif dans les zones rurales. On commande ces bus électriques par téléphone ou via une app. En chemin, ils s’arrêtent pour d’autres voyageuses et voyageurs, puis amènent tout le monde à bon port.
Des bénévoles garantissent un service quotidien de tôt le matin à tard le soir. mybuxy est si apprécié qu’il existe désormais dans sept régions. Lorsque les communes participent au financement, un billet ne coûte pas plus cher que pour les transports publics classiques.
mybuxy est-il donc leur concurrent? Non, rétorque son directeur Andreas Kronawitter: «Nous complétons le réseau de transports publics là où il manque de densité. Un trajet mybuxy sur deux démarre ou se termine à une gare.» S’appuyant sur l’exemple de Belp (BE), il ajoute que «si mybuxy propose une offre fl xible et avantageuse dans les zones périphériques, les communes peuvent concentrer leurs moyens sur les lignes très fréquentées et y augmenter la cadence.»
Bellinzone, la ville des 15 minutes
Une «ville à courtes distances» est conçue pour que les trajets quotidiens ne prennent pas plus de 15 minutes à pied ou à vélo. Ce concept fonctionne bien dans les villes densément peuplées.
Les distances sont plus longues dans les zones clairsemées. «Il est alors essentiel que les gens circulent davantage à vélo pour que le concept de la ville des 15 minutes devienne réalité», explique Francesca Cellina, responsable du projet de recherche SPECIFIC à Bellinzone. Dirigé par la HES tessinoise SUPSI, des organisations partenaires locales et l’ATE, celui-ci comprend diverses études dans les zones périphériques de cinq villes en Suisse et à l’étranger.
À Bellinzone, deux mois durant, les élèves d’une école primaire peuvent collecter des points en se déplaçant à vélo et ainsi tenter de remporter un voyage pour leur classe. L’organisation propose également des cours de sécurité routière, des ateliers de réparation de vélos, des excursions familiales ainsi que la mise en place de lignes de vélobus sur le chemin de l’école.
Copenhague, ville climatiquement (presque) neutre
En 2012, alors que la Suisse était loin d’un objectif climatique tangible, Copenhague décidait de devenir climatiquement neutre d’ici à 2025. Elle y est parvenue, car l’économie, la population et le monde politique espéraient que la qualité de vie et l’économie en profiteraient.
Dans la capitale danoise, cette transition s’appuie sur un réseau cycliste de 546 kilomètres, séparé aussi bien des routes que des voies piétonnes. Le vélo y est le moyen de transport le plus populaire de la ville, et de loin: 41% de la population s’en sert pour se déplacer. De plus, les transports publics sont denses. Bus, RER, métro et tram amènent eux aussi 27% des habitantes et habitants à bon port.
Copenhague n’a pas tout à fait atteint son objectif du zéro net; elle se donne dix ans pour réduire à néant les 20% d’émissions restants. Elle cherche entretemps une solution pour les émissions que causent ses habitantes et habitants à l’étranger, par exemple lors de voyages ou pour la fabrication de produits.
Les «briseuses d’asphalte»
«Le gris devient vert», clame leur devise. Les «briseuses d’asphalte» sont actives à Zurich, à Winterthour et dans le canton de Lucerne. Sur mandat de particuliers ou d’entreprises, elles travaillent avec des spécialistes afin d’éliminer béton et goudron de cours intérieures, parkings ou zones industrielles pour y planter des espèces indigènes. Durant l’été, les plantes font baisser la température environnante. L’eau pénètre plus aisément dans le sol, ce qui évite les inondations. Les végétaux deviennent plus résistants.
Les jeunes femmes rendent à l’être humain et à la nature la place qui leur revient, auparavant accaparée par les voitures. Le projet renforce ainsi l’un des nombreux avantages de la transition vers la mobilité durable. Les surfaces récupérées sont propices autant à la détente qu’à la biodiversité. À certains endroits, les autorités apportent une contribution financière au projet.