Interview avec Louis Palmer

Pionnier du solaire, Louis Palmer croit aux alternatives à la voiture à essence. En entretien avec le Magazine ATE, il explique pourquoi il a fait le tour du monde en taxi solaire et quelle surprise il dévoilera au rallye de voitures électriques «Wave» au printemps.

«Prêcher l’abstinence ne fonctionne pas»

Louis Palmer, vous avez fait le tour du monde dans votre «taxi solaire» pour attirer l’attention sur la question climatique. Êtes-vous frustré de la situation actuelle concernant l’environnement?

Bien sûr, tout aurait pu aller bien plus vite. Mais de tous les domaines dans lesquels on émet du CO2, la mobilité est probablement celui où l’on progresse le plus: pratiquement tous les constructeurs automobiles se sont engagés à produire des voitures électriques. Certains ont même défini à partir de quand ils comptent miser exclusivement sur l’électrique. Dans d’autres domaines comme l’aviation ou la déforestation de l’Amazonie, il y a zéro progrès. À l’échelle individuelle, nous ne pouvons pas décider de la construction d’une centrale au charbon. En revanche, quiconque désire ne pas faire partie du problème peut opter pour une voiture électrique.

Vous faites souvent référence au «Tour de Sol», une course de voitures électriques qui a eu lieu en Suisse. En quoi vous a-t-elle passionné?

Oui, le «Tour de Sol» m’a marqué! Ces voitures fantastiques, mues à l’énergie solaire, pouvaient relier Emmen à Bienne même par temps de pluie. D’ailleurs, cette performance était la condition pour qu’un véhicule soit admis à la course. Des bolides de course y participaient, mais aussi des voitures de ville. À l’époque, j’avais même courbé l’école pour suivre la course au guidon de mon vélo.

Peut-on comparer les véhicules solaires d’alors aux modèles électriques d’aujourd’hui?

C’est là que je suis un peu déçu: le «Tour de Sol» a démontré qu’on peut faire avancer une voiture avec peu d’énergie en construisant des véhicules très légers, équipés de petites batteries. Mais de telles voitures n’ont pas pu s’imposer, non pas parce que la technologie n’existait pas, mais parce que la société ne les voulait pas. Il a fallu attendre qu’un Elon Musk ait l’idée de construire une voiture extrêmement lourde, rapide, consommant beaucoup d’énergie et qui s’accompagne de tout le luxe imaginable pour que la motorisation électrique trouve un public.

Pourtant, dans vos jeunes années, vous avez étanché votre soif de voyages non pas au volant d’une voiture mais par une traversée de l’Afrique à vélo.

À l’époque, mon rêve était déjà de m’acheter une voiture électrique photovoltaïque. Comme elle n’existait pas encore, j’ai opté pour le vélo.

La suite logique n’aurait-elle pas été un tour du monde au guidon d’un vélo à énergie solaire?

Au début des années 90, le vélo électrique n’existait pas. Plus tard, j’ai été émerveillé de voir à quelle vitesse l’e-bike s’est imposé, d’abord chez les séniors, puis dans la population tout entière. J’en suis ravi. Nous avons vraiment des alternatives à la voiture à essence et l’e-bike en est une importante.

Depuis 2011, vous organisez le rallye de voitures électriques «Wave», en Suisse. D’où vient cette idée?

J’ai lancé un appel à des connaissances: «Nous faisons un voyage en voitures électriques de Paris à Prague, en faisant halte dans plusieurs villes pour faire la promotion de la voiture électrique.» Au début, il n’y avait presque que les voitures de construction artisanale. Puis, au fil des ans, les modèles de série ont fait leur apparition. Aujourd’hui, il n’y a plus que 3% de modèles «exotiques».

La voiture électrique ne résoudra pas les problèmes de trafic…

Je suis cycliste dans l’âme et je préférerais mille fois faire la promotion du vélo. Mais nous ne vivons pas dans une dictature. Les personnes qui veulent faire du vélo font déjà du vélo. Celles qui veulent utiliser les TP utilisent déjà les TP. Nous devons inciter les automobilistes à envisager d’autres possibilités, mais c’est très difficile. Prêcher l’abstinence ne fonctionne pas. C’est pourquoi il faut leur laisser une voiture aux personnes qui le souhaitent. Si elles veulent être bloquées dans les bouchons, qu’elles le fassent. Simplement, on n’admet plus qu’elles fassent du bruit et polluent.

En mai, les membres de l’ATE pourront participer au rallye «Wave». Quels sont leurs avantages?

Le rallye «Wave» est un événement social. On y rencontre des gens qui partagent les mêmes passions et avec qui on peut échanger des expériences. C’est également l’occasion d’essayer une voiture électrique. Les personnes plutôt hésitantes remarqueront rapidement que ça fonctionne bien et facilement. Au rallye «Wave», tout le monde s’entraide et c’est le cadre idéal pour se familiariser avec l’électromobilité.

Lors du rallye «Wave» 2022, vous présenterez le «Solar Butterfly». De quoi s’agit-il?

Le «Solar Butterfly» est une caravane tirée par une voiture électrique. Le papillon est le symbole de sa transformation. Le «Solar Butterfly» mesure 10 mètres de long et 15 de large quand ses «ailes» couvertes de cellules photovoltaïques sont déployées. Il contient un studio d’enregistrement vidéo. Le but est d’interviewer des pionnières et des pionniers du climat du monde entier.

Dans le cadre du rallye «Wave», le «Solar Butterfly» sillonnera la Suisse trois semaines durant. Nous en profiterons pour attirer l’attention sur des belles solutions de sauvegarde du climat – ensemble avec le rallye «Wave», les écoles, la population et le monde politique. Il traversera ensuite l’Europe pendant cinq mois et une année plus tard l’Amérique du Nord. Puis ce sera le tour de l’Asie, de l’Australie et de l’Afrique. Et enfin, l’arrivée à Paris en décembre 2025. L’Accord de Paris aura alors dix ans et nous verrons ce qui aura effectivement été réalisé dans le monde.

Le «Solar Butterfly» est en quelque sorte une évolution du «taxi solaire»?

Oui, avec le «taxi solaire», j’avais aussi une mission positive: faire le tour du monde avec un véhicule voyant pour montrer que des solutions contre le réchauffement climatique existent.

Ainsi, vous ne vous contentez pas de promouvoir l’électromobilité.

Nous voulons mettre l’accent sur les solutions. Nous pourrions compenser plus de la moitié des émissions de CO2 de la planète grâce à l’énergie solaire. Mais il reste beaucoup à faire: fabriquer des vêtements compostables, prioriser le vélo, rendre le tourisme, la finance et les banques durables, etc. Là où la sauvegarde du climat ne peut pas être instituée par l’État, nous disons: «Regardez, ces solutions existent.» Ensuite, nous avons le choix: soit nous faisons partie du problème, soit nous faisons partie de la solution. Je crois que la majorité des gens souhaite faire partie de la solution.

Le «Solar Butterfly» est une pièce unique que vous avez développée avec le Technicum de Lucerne.

Exactement et il sera construit par divers partenaires de Suisse. Nous avons trouvé les sponsors et je m’en réjouis. Du moment que le «Solar Butterfly» est tiré par une voiture électrique, il n’est rien d’autre qu’une remorque et, dès lors, relativement facile à réaliser.

Pouvez-vous déjà nous révéler à qui vous allez rendre visite en Suisse cet été?

L’entreprise «Kyburz» construit des tricycles électriques pour la Poste – c’est déjà un sujet intéressant. Ou encore «Maxon» à Sachseln, qui produit des moteurs électriques pour vélos. Il y a aussi des sujets passionnant dans la société civile: nous irons notamment voir les jeunes du climat de Glaris.

Participerez-vous à toute l’opération?

En Suisse certainement, puis je confierai le projet à une équipe que j’épaulerai depuis la maison. À noter que nous recherchons encore des accompagnantes et des accompagnants, ainsi que des pros des médias sociaux et de la vidéo. Des teams de quatre membres se relaieront au fil des semaines.

    

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